Se perdre dans l’immensité permet parfois de se retrouver.
Les doutes fondent alors sous une brûlante lucidité …
Seul locataire des lieux, le vent
chasse les nuages et nos tourments.
On l’entend gémir dans les haubans*
et se moquer de nos murmures de soupirants.
La montagne se donne à nous entièrement.
Nous en prenons possession mais, assurément,
c’est elle qui nous possède et nous laisse sur le flanc.
Elle pourrait d’ailleurs tenter quelque inspiré,
isolé,
le souffle coupé par sa beauté,
de vouloir sur le champ, expirer.
Spectateurs privilégiés de sa débâcle
nous voyons battre ses veines d’albâtre
puis s’étioler dans la vallée, la parure immaculée.
La perte n’aura pas été vaine
car elle aura donné la vie dans les plaines.
A jamais éperdus, nous sommes perdus pour la vie urbaine …
Quand ainsi on aime, on ne sort jamais indemne …
PV
*en fait, le bruit du vent dans les panneaux de signalisation du col