L’actualité touristique laisse peu de place à un secteur qui a été pourtant à l’origine du développement de nos vallées. Bien avant le concept de mise en tourisme et d’analyse volumétrique de ses résultats, existait un tourisme au service des hommes et des territoires : le tourisme social et solidaire qui allait laisser une forte empreinte sur notre territoire comme nous l’explique Jean Tardos, Président de l’UNAT Occitanie Pyrénées Méditerranée.
Un peu d’histoire ….
L’UNAT (Union Nationale des Associations de Tourisme) dont un des cofondateurs est le Club Alpin Français, est créée en 1920.
Elle fait partie du secteur de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), un ensemble de coopératives, mutuelles, associations, syndicats et fondations, respectant les valeurs d’égalité des personnes, de solidarité entre membres, d’indépendance économique.
Le Tourisme Social et Solidaire (TSS), quant à lui, regroupe les acteurs respectant le principe de gestion désintéressée, proposant des produits de qualité à des tarifs permettant le « droit aux vacances pour le plus grand nombre ».
Un milieu polyforme
Le secteur est composé d’équipements touristiques variés en terme de propriété immobilière (collectivités, Comités d’Entreprises, Organismes sociaux, associations…).
Tous les publics, familles, jeunes, séniors, groupes divers ont accès à ses structures et sont accueillis dans les villages ou résidences de vacances, centres de vacances, campings, auberges de jeunesse, refuges de montagne, séjours adaptés.
Les adhérents du TSS sont très attachés aux valeurs de solidarité, de mixité sociale, d’accessibilité et de diversité qui favorisent le « vivre ensemble ».
Des créateurs de valeur économique et sociale
Les opérateurs du TSS sont de vrais leviers de développement local car très ancrés dans les territoires.
Ils furent des acteurs essentiels lors de la création de grandes stations alpines, Courchevel (FOL de Savoie et diverses associations à Courchevel 1550), Saint-Lary ( Centres de vacances des ministères des Finances et de l’Intérieur..) et de stations coopératives, Les Karellis ( Renouveau Vacances, Léo Lagrange, Ligue de l’Enseignement, Entraide Coopérative..) et Val Louron ( CI Ortf, Léo Lagrange, Renouveau Vacances, VAL…).
Une empreinte forte sur le territoire
L’attrait de la montagne, la démocratisation des vacances, les congés payés et la politique menée par l’Etat dont le ministre Léo Lagrange en 1936, déclenchent l’ère du TSS dans nos vallées…
De nombreuses « colos » sont organisées sur le territoire par des militants issus des milieux ouvriers et religieux développent le TSS en Aure et Louron.
Des associations, des fondations, des collectivités, des privés, investissent pour construire des hébergements.
Les dispositifs d’aides financières mis en place par la CNAF (Caisse Nationale d’Allocations Familiales), les aides allouées par les Comités d’Entreprises , les aides de l’Etat, des collectivités locales puis de l’Europe permettent de proposer des établissements confortables à des coûts acceptables pour en permettre une exploitation sociale.
La création des stations de ski, les sports de pleine nature pratiqués dans nos vallées vont permettre l’implantation très forte d’associations du TSS.
Plus de trois mille lits sur les deux vallées
La vallée d’Aure comptabilisera de nombreux établissements répartis sur toute la vallée.
Des opérateurs tels que VVF, l’UCPA,VALT 33, UFLVF, La ligue de l’Enseignement, AZUREVA, les centres du département des Charentes, du ministère de l’Intérieur, des Finances, le CCAS d’EDF, le centre de la ville de Bègles, les CVA d’Aulon, Guchen, Lançon créent une activité importante.
Les centres de la FALEP des Landes à Rebouc et Jézeau, le centre Oxygers, Chêne et Roc et bien d’autres centres et maisons familiales, s’installent dans la vallée de la Neste….
La vallée du Louron accueille aussi des établissements du TSS , les PEP 82, le centre de montagne à Germ, La Sapinière de la Poste à Balestas, les Cimlades, le centre du Bouridé, les Amis de la Nature, Renouveau Vacances, Léo Lagrange, CI ORTF, VAL redynamisent la vallée….
L’été de nombreux camps « sous toile » accueillent des jeunes.
La plupart des établissements du TSS sont gérés par des associations d’Education Populaire dont les administrateurs sont bénévoles et sont reconnues d’utilité publique.
Un apport économique et social important pour le développement local.
Les dépenses directes, produits de consommation, prestations de services …soutiennent la revitalisation du territoire.
L’accueil des résidents crée des dépenses induites par leur consommation en biens, services et prestations qui permet de pérenniser des services et des commerces pour la population permanente.
L’impact social est conséquent.
Les opérateurs du TSS sont des employeurs responsables envers leurs collaborateurs.
Ils privilégient l’emploi local, appliquent la convention collective du Tourisme Social et Familial, en favorisant l’accès à la formation ils permettent la promotion sociale…
Les jeunes découvrent souvent le monde du travail dans ces établissements par des emplois saisonniers.
Des hébergements sont proposés aux salariés dans les structures ou à proximité à des prix acceptables…
Un secteur en forte tension
Depuis plusieurs années la fermeture de lits du TSS n’est pas compensée par la création de nouvelles structures.
La politique des organismes sociaux (CNAF, CCE..) de l’ANCV (Agence Nationale du Chèque Vacances) de remplacer « l’aide à la pierre » par « l’aide à la personne » pénalise fortement le maintien à niveau du patrimoine.
Une partie du parc géré par le TSS est vendue au secteur marchand ou termine en friche.
Une dizaine de ces équipements abandonnés est répertoriées dans nos vallées.
Les difficultés rencontrées pour la mise aux normes de plus en plus contraignantes et couteuses obligatoires pour autoriser l’accueil de groupes de jeunes , découragent les gestionnaires certains préfèrent renoncer à ces types de séjours…
Les accueils collectifs disparaissent au profit de séjours individuels, moins porteurs de partage et de solidarité et ce au détriment du bien vivre ensemble.
Les organisateurs de classes de découverte ont des difficultés pour trouver des lieux d’hébergements.
Les lourdeurs administratives et financières pour concrétiser les séjours découragent les porteurs de ces projets éducatifs….
Vers un renouveau du TSS ?
La pandémie du COVID a modifié la représentation du TSS que s’en faisaient bon nombre de décideurs…
Le professionnalisme, l’esprit de responsabilité et de solidarité de ses acteurs plébiscités.
Lors de ces séjours montagnards, les jeunes découvrent le milieu, ils apprennent à le respecter, ils sont les vacanciers de demain.
Les fermetures sanitaires suite aux confinements ont permis d’évaluer l’apport important du TSS pour le territoire.
Il est reconnu comme une activité économique à part entière avec un impact social très important.
Jean TARDOS
Président
UNAT Occitanie Pyrénées Méditerranée
7 Rue HERMES
31520 RAMONVILLE SAINT AGNE