Lors du Conseil communautaire Aure Louron du 13 novembre 2018, un des points de l’ordre du jour concernait l’évolution possible des compétences et des services de la Communauté de communes.
Avant d’envisager ces dernier(e)s, le président de la CCAL, Philippe Carrère a souhaité (re)présenter aux conseiller(e)s, outre des éléments budgétaires, le diagnostic du territoire tel qu’il résulte des études menées au titre du Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi), de la CAF et du schéma des services à la population du Département.
En voici les grandes lignes :
Démographie : une population vieillissante qui diminue
Si entre 1982 et 2008, le territoire a connu une variation de population « positive », toujours supérieure à la moyenne départementale, entre 2008 et 2013 on enregistre une inversion de tendance avec une perte de 135 habitants (0.3% de la population).
Par ailleurs, la part des moins de 19 ans a baissé entre 1990 et 2013 (de 21,8% en 1990 à 16,5% en 2013) avec en parallèle une augmentation de la part des personnes de plus de 65 ans (21.7% de la population totale en 2013)
On observe également une diminution du nombre de naissances de 30 % entre 2010 et 2015. Il conviendra donc d’adapter les équipements et services pouvant favoriser le renouvellement de la population.
Activité économique : des revenus résidentiels constitués en grande partie par le tourisme
Depuis 2012, le nombre d’entreprises créées annuellement en Aure Louron baisse : 120 entreprises créées en 2010, 60 en 2015 avec cependant une remontée constatée en 2017 (82 entreprises créées).
Les revenus économiques sont en grande partie (près de 90%) constitués de revenus résidentiels dont 3/4 sont des revenus du tourisme été/hiver qu’il faudra convertir en tourisme quatre saisons avec diversification de l’offre. Il conviendra de développer l’économie locale en travaillant sur de nouveaux secteurs et préserver les espaces agricoles pour maintenir l’activité agropastorale.
Revenus sociaux, revenus publics et revenus productifs exporteurs sont, en proportion, bien moindres que ceux perçus au niveau du département.
Le territoire Aure Louron dispose du potentiel de captation de richesse le plus élevé du département avec un taux de couverture en emplois de proximité presque 2 fois supérieur à la moyenne départementale.
De plus, la propension à consommer localement est supérieure à la tendance départementale.
Cependant, on peut noter que des revenus Aure Louron échappent au territoire à cause des déplacements pendulaires (personnes qui travaillent sur le territoire mais qui n’y résident pas).
Logement : une offre insuffisante pour les résidents permanents
Le nombre de logements proposés pour la population permanente est insuffisant : les logements permanents et les logements saisonniers sont difficiles à trouver car en concurrence avec les logements touristiques et les résidences secondaires qui sont majoritaires dans les vallées.
Par ailleurs, lorsqu’ils sont sur le marché, les loyers sont élevés et les logements doivent être rénovés car énergivores et leur taille n’est pas adaptée.
Il convient donc de renouveler le parc des logements pour conserver et attirer les habitants permanents tout en conservant l’authenticité architecturale des villages.
Santé/social : un secteur à développer
Dans le domaine de la santé, il faudra anticiper le renouvellement des médecins vieillissants et développer une offre médicale de proximité. Sur le plan social il faudra également créer un réseau de professionnels petite enfance, enfance, jeunesse.
Des structures d’accueil devront être réparties sur le territoire avec des pôles bien équipés afin que le territoire reste attractif.
En matière de mobilité, les transports en commun sont peu développés et non adaptés au rythme des habitants.
Enfin, concernant le numérique, l’offre est insuffisamment déployée (internet ou téléphonie mobile).
« Une communauté de communes qui souhaite évoluer »
Les enjeux précédemment cités sont, avec l’environnement, actés dans les 4 axes du PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable) :
- un territoire pour vivre « à l’année » ;
- Une économie à développer, diversifier et accompagner ;
- Développer l’urbain tout en préservant un cadre de vie de qualité ;
- Un capital nature montagnard à valoriser.
Fort de ces constats et des échéances fixées par la loi, le Conseil communautaire s’est prononcé d’ores et déjà sur le principe de ne pas prendre la compétence « eau et assainissement » au 1er janvier 2020. Le législateur a, en effet, prévu le transfert obligatoire de celle-ci aux communautés de communes sauf si 25% des communes représentant 20% de la population ne le souhaite pas*. Pour ce faire, des délibérations devront être prises par les communes avant le 30 juin 2019.
En ce qui concerne les autres compétences, le Conseil a statué pour leur évolution tout en réalisant un bilan de celles déjà prises en charge par la CCAL. Cela permettrait de donner des perspectives et une dynamique avant la fin de mandat. Les thèmes de la culture, du social, de la santé, de la scolarité et petite enfance, du transport/mobilité, du tourisme ont été évoqués sans pour autant négliger les mutualisations possibles entre communes.
Dans les mois qui viennent, les différentes commissions composant la CCAL mettront à leur ordre du jour ce travail de réflexion, d’analyse et de proposition sur ces nouveaux périmètres d’action possibles tout en veillant à conserver une neutralité fiscale pour les contribuables.
Philippe Villette
*Précisons qu’il ne s’agit que d’une possibilité de report, le transfert de la compétence devant être effectif au 1er janvier 2026.