Si vous passez en ski de randonnée à proximité du barrage de Cap-de-Long, ne vous étonnez pas de le voir bien vide. Cet état n’est pas lié à la sécheresse mais à un examen technique complet (ETC) que va subir cette remarquable infrastructure de 63 ans d’âge, un des plus grands barrages des Pyrénées.
Cette opération qui n’intervient que tous les 10 ans a pour but d’inspecter les parties immergées de cet ouvrage qui retient 67 millions de m3 d’eau servant à alimenter, avec d’autres retenues, la centrale hydroélectrique de Pragnères.
Pour ce faire, le lac déjà à un niveau bas en cette époque de l’année, sera vidangé à 90%.
Cette opération, préparée depuis deux ans par EDF en lien avec les services de l’État et de nombreux partenaires*, mobilise plus d’une centaine de personnes des services d’ingénierie et d’exploitation d’EDF ainsi que de nombreuses entreprises.
Des conditions d’intervention difficiles
Timothée Ricordeau, chef du groupement d’usines de Luz-Pragnères indique : « C’est un projet d’ampleur : six chantiers indépendants vont être menés dans des conditions très particulières d’hiver et d’altitude et avec un dispositif de secours sur mesure préparé avec le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne, le Groupe de Reconnaissance et d’Intervention en Milieu Périlleux et la CRS 29.
Une base vie a été installée sur le site avec présence d’un cuisinier, d’un infirmier, d’une équipe de déneigement et des guides de haute montagne.Outre l’examen du barrage, EDF profite de la vidange de la retenue pour moderniser ses installations en réalisant différents remplacements d’ouvrages et maintenance (2 groupes de production seront notamment rénovés).
Un timing bien orchestré
En février, l’arrêt des machines et l’ouverture des vannes de fond permettront de passer en régime de vidange.
Cette phase sera suivie, en mars, par un contrôle visuel détaillé du parement amont du barrage par le balayage automatique d’un drone programmé. Ce sera la première fois dans les Pyrénées qu’une telle opération sera effectuée.
L’inspection règlementaire des parties habituellement immergées du barrage interviendra, quant à elle, en avril 2017.
Ensuite, en mai 2017, les vannes de fond seront fermées, le remplissage naturel de la retenue s’effectuera par son bassin-versant et grâce aux pompages de l’eau de la vallée des Gaves.
Cela permettra de réalimenter la centrale de Pragnères, une des plus importantes usines pour la production hydroélectrique de la chaîne des Pyrénées.
Philippe Villette
* Les partenaires : les services de l’État, la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), la Fédération de pêche et l’Association de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique, les mairies et le Parc national des Pyrénées, pour la préservation des gypaètes barbus, de l’aigle royal et du lagopède. »